Pendant un an j’ai réalisé avec l’une de mes partenaires Delphine Guilhot un diagnostic-actions genre dans le secteur agricole. Plus précisément nous avons travaillé avec l’ARDEAR AURA, la structure régionale qui coordonne les associations d’accompagnement à l’installation et à l’activité des agriculteurs et agricultrices sur le territoire. Celles-ci, les ADDEAR, souhaitaient être en capacité de davantage intégrer les freins spécifiques rencontrés par les femmes et les minorités de genre afin de répondre complètement à leurs besoins d’accompagnement et de formation. Face au sexisme ordinaire et institutionnalisé ainsi qu’à la permanence d’une répartition stéréotypée et inégalitaires des rôles et du pouvoir dans les exploitations, l’analyse au prisme du genre permet de mettre en lumière les dynamiques systémiques sous-jacentes aux situations individuelles rencontrées et d’identifier les bons leviers d’actions.
Un vaste diagnostic a été réalisé afin d’identifier ces freins et ces besoins :
- une revue de la littérature académique, institutionnelle et associative
- des entretiens auprès des salarié·es des ADDEAR
- un questionnaire auprès des adhérent·es bénéficiaires des accompagnements
Cela a permis de confirmer la permanence et le poids des obstacles de genre dans l’installation et la pratique professionnelle des agricultrices. Le sexisme ordinaire est ainsi considéré comme le premier frein à l’installation, avant même l’accès au foncier (premier frein pour les agriculteurs). La délégitimation institutionnelle et quotidienne (le fameux « il est où le patron ? ») et la répartition genrée des tâches – celles du cœur du métier étant plus souvent dédiées aux hommes et celles considérées comme complémentaires et moins valorisantes aux femmes – peuvent notamment être réinterrogées et outillées dans le cadre des accompagnements et formations proposées par les ADDEAR.
Un plan d’actions a donc été co-construit avec les associations afin de traduire opérationnellement les opportunités de lutter contre le sexisme et de réduire les inégalités professionnelles dans le secteur agricole.
Près de 80% des adhérent·es ayant répondu au questionnaire sont favorables à ce que davantage d’actions en ce sens soient proposées.
100% des personnes ayant lu la BD Il est où le patron la trouve représentative des expériences vécues par les agricultrices.
Retrouvez tous les autres chiffres, enseignements et pistes d’actions dans la synthèse !